Mise en place d’une démarche ISR dans la multigestion de private equity : l’exemple de Gimar Capital Investissement
« Le fondement de cet engagement repose sur un constat simple, à savoir le paradoxe que représente la sous-exposition actuelle du private equity à l’approche ISR, alors même que c’est dans cette classe d’actifs que les investisseurs institutionnels notamment (principaux promoteurs de l’approche ISR dans les autres catégories d’actifs : actions, obligations, monétaires…), au travers des sociétés de gestion de fonds et des managers des sociétés de leurs portefeuilles, disposent des effets de levier les plus importants sur la stratégie et la gestion des entreprises considérées, en tant qu’actionnaires de référence, voire actionnaires majoritaires. » Suite en P.J.
Patrick GRANGE
Deputy Director
Gimar Capital Investissement
ESG, un sigle que commence à s’approprier le Private Equity
« Longtemps les gérants du Private Equity ont semblé très éloignés de la communauté ISR mais les temps ont changé ces derniers mois. Les PRI (Principles for responsible Investment) comptent désormais 33 signataires venant de cet univers et un groupe de travail dédié. En France, l’Association Française des Investisseurs en Capital (AFIC) vient d’annoncer la création d’une commission développement durable et quelques acteurs ont mis en place des démarches organisées.
Les gérants du Private Equity s’intéressent aux critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance (ESG). 66 % des 71 répondants de l’enquête réalisée par Novethic auprès d’un panel de gérants français en juin dernier, ont déclaré les prendre en compte. 73% d’entre eux pensent aussi que l’intégration des critères ESG est génératrice de valeur ajoutée. Ces résultats témoignent d’une bonne compréhension de ce qu’est l’analyse extra-financière et du bénéfice qu’elle peut apporter. « Par nature, notre métier est de minimiser les risques pour créer le plus de valeur possible » explique Sophie Paturle, associée fondatrice de Demeter Parners, fonds spécialisé sur les éco- industries. « Notre spécialisation nous offre une bonne connaissance des enjeux environnementaux. C’est plus difficile pour les aspects sociaux, loin d’être uniformément traités d’une entreprise à l’autre, surtout si c’est une PME de taille modeste. »
Les grands investisseurs commencent à formuler des demandes précises d’intégration de critères ESG. Au sein de la Caisse des dépôts, Patricia Jeanjean demande à chaque fonds de répondre à un questionnaire spécifique. Si les gérants ne sont en pas en capacité de donner des éléments extra-financiers, elle n’investit pas dans leurs fonds. Pour répondre à ces nouvelles attentes, il s’agit d’obtenir d’entreprises non cotées, loin d’être organisées pour le faire, des informations structurées sur des données environnementales, sociales ou de gouvernance. « C’est difficile d’obtenir un reporting uniforme des entreprises où nous avons des participations » explique Sophie Paturle. « En 2006, nous avons essayé avec des questionnaires mais nous préférons aujourd’hui organiser nous même la fourniture de données. »
Les quelques pionniers de ces démarches de développement durable ne veulent pas s’arrêter à l’absence d’outils et d’offre d’analyse spécialisée. Ils sont en train de les construire en faisant travailler des agences de notation extra-financière sur cette nouvelle classe d’actifs et en dialoguant avec les entreprises dont ils sont actionnaires, souvent majoritaires. Pour Olivier Millet, président d’Ofi Private Equity, première société de gestion à avoir recruté une personne en charge du développement durable : « On passe 5 ans en moyenne dans une entreprise. A cet horizon, ceux qui s’obstinent à croire que le climat et l’énergie ne sont pas des sujets de premier plan sont dans le faux ! »
Tous s’accordent à considérer que beaucoup d’enjeux environnementaux font aujourd’hui partie intégrante des audits qu’ils mènent auprès des entreprises pendant plusieurs mois avant d’y investir. En revanche, sur la dimension sociale, la question est plus complexe. Les grands fonds de LBO sont mis régulièrement en cause pour destruction massive d’emplois. En France, un collectif anti LBO syndical s’est monté. En Europe, la CISL vient de publier un rapport intitulé. Les gérants du Private Equity sont très conscients que la crise exacerbe ces tensions.
Pour cette raison, certains, à l’image d’AXA Private Equity, s’engagent à reverser aux salariés un pourcentage des plus-values obtenues au moment de la revente de l’entreprise. Sa présidente Dominique Sennequier souligne : « Je sais que l’utilisation excessive de la dette et le court termisme de certains fonds d’investissement ont brouillé l’image du private equity ces dernières années mais la crise nous oblige à nous remettre en question. Nous sommes aussi des co-entrepreneurs car nous apportons des solutions financières mais aussi des compétences stratégiques et opérationnelles pour bâtir une croissance durable avec les entreprises. La prise en compte des enjeux sociaux, environnementaux et de gouvernance est la condition de la création de richesse collective à long terme. Or nous sommes des investisseurs de long terme. » Novethic
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