Pour que la finance prenne en compte l’humain, commençons par prendre en compte l’humanité des financiers. Deux exemples : la dimension humaine en capital-investissement, et les biais cognitifs des gérants d’actifs.


Les capital-investisseurs considèrent que l’humain fait l’essentiel de la réussite d’un projet. À la question, « comment prenez-vous en compte cette dimension ? », ils répondent, « le flair, le métier ». Ils détiennent en réalité des compétences spécifiques, devenues automatiques. Dès lors, comment les expliciter ? Comment valoriser la diversité des pratiques et des talents dans les équipes ? Comment faire vivre l’humain au coeur de l’investissement ?

Une approche comme l’entretien d’explicitation peut aider. Cette technique d’écoute d’active, issue du CNRS, vise la description aussi fine que possible d’une activité professionnelle. Le but est de mettre en lumière ce qui se passe réellement pendant l’action : lors d’un entretien d’évaluation d’un dirigeant (due diligence) ou d’accompagnement d’une participation.

Autre exemple, sur les marchés financiers

En situation d’incertitude, les décideurs tendent à ne pas faire leurs choix de façon purement rationnelle. Pour se représenter la situation, et pour décider, ils utilisent des raccourcis, en général efficaces, mais porteurs de biais systématiques.

La finance comportementale analyse ces manques d’objectivité, et les conditions de la création/destruction de valeur. À nouveau, une approche fondée sur la qualité de la rencontre et l’écoute permet de favoriser des prises de conscience, pour plus de vigilance et une meilleure communication dans l’équipe.

Bien sûr, ces approches fonctionnent si les contraintes qui s’imposent à l’équipe sont explicitées est travaillées. J’ai payé pour le savoir !

Le dirigeant d’une grande banque me demande de former une équipe à l’écoute active. Objectif : une meilleure relation entre les directeurs de participations et les entrepreneurs du portefeuille. J’arrive bille en tête pour transmettre aux 29 participants un peu de méthode… Problème, ils ne se sentent eux-mêmes pas du tout écoutés dans l’organisation… La demi-journée d’atelier est un fiasco.

Pour que la finance prenne en compte l’humain, commençons donc par prendre en compte l’humanité des financiers. Arrêtons les ateliers imposés du style « pitching to win », et autres tests de personnalité assénés par des débutants à des gens à la fois rassurés et désespérés de passer leur vie dans une case INFT ou ESTJ…
Attachons-nous humblement à faire vivre, très concrètement, leurs compétences humaines.