Comment s’est faite votre rencontre ?
EG : Starquest Capital est positionnée sur le segment du « early development », c’est-à-dire du financement des PME à un stade de maturité encore faible, juste après l’amorçage, à un moment crucial où il faut passer de la bonne idée, du bon produit, au développement structuré. C’est généralement à ce moment que se révèlent les capacités, et les limites, de l’entrepreneur. Il est donc crucial d’en avoir une juste appréciation ! En capital-investissement le « facteur humain » fait 70% du succès de l’investissement. De toute évidence il existe différentes formes d’intelligence, et nous ne souhaitons pas nous limiter au syndrome typiquement français du 1er de la classe. Nous sommes convaincus que le talent, la fibre entrepreneuriale, concerne une population beaucoup plus large que celle qui s’est usé les pantalons et tailleurs sur les bancs des meilleures écoles. Nous voulons donner une chance à tout le monde. Mais comment apprécier de manière « rationnelle » et tendant à l’objectivité les vraies motivations de l’entrepreneur. Comment mesurer l’immatériel, cet actif intangible qu’est le talent du dirigeant ?
Bien sûr, nous savons valoriser et vérifier un parcours professionnel, un CV, bref, le passé. Nous pouvons ressentir s’il y a un bon « feeling » avec notre interlocuteur mais il nous est difficile d’aller au-delà. C’est pourquoi nous nous sommes mis en quête d’une aide extérieure pour accéder à une véritable qualification du potentiel entrepreneurial et des risques liés au dirigeant. Comme souvent, c’est par le biais des rencontres que nous avons déniché une pépite : un réseau de consultants ayant des outils RH adaptés au contexte de l’investisseur. Cette équipe d’une vingtaine de consultants basés à Londres, Paris et New York met notamment en œuvre une approche d’entrepreneurship intelligence développée par un français, Matthieu Langeard, suite à 15 ans d’une double pratique en investissement et en sciences humaines. Matthieu a mis au point (et testé) une méthode d’entretien et des indicateurs de valorisation des entrepreneurs lors d’un protocole de recherche réalisé au sein de l’équipe « Talents » d’AXA Investment Managers. C’est cette méthodologie de screening des entrepreneurs que nous utilisons aujourd’hui. L’idée fondamentale est de mieux connaître pour mieux accompagner. Bien sur, il ne s’agit que d’un outil d’aide à la décision car dans le champ de l’humain rien n’est fiable à 100%, et heureusement !
Alors Matthieu, parlez-nous de vos recherches et de la méthodologie prometteuse que vous en avez tirée.
ML : En plus de mon activité de conseil, pour stimuler mon travail de recherche et développement, et donner à cette aventure une dimension collective – détecter le potentiel entrepreneurial d’un porteur de projet est un peu le « graal » dans le monde économique ! – j’ai créé en 2009 un think-tank, « Finance for Entrepreneurs », dont la mission est de concevoir, valider et promouvoir des indicateurs de valorisation des entrepreneurs. L’objectif est que le facteur humain soit pleinement reconnu en capital-investissement. Il est donc question de la valorisation du capital-humain et plus précisément du capital-entrepreneur ! Ce laboratoire de recherche fait travailler bénévolement une trentaine de professionnels : entrepreneurs, capital-investisseurs, consultants RH et chercheurs. Chacun peut ensuite les mettre en œuvre dans sa pratique professionnelle. En ce qui me concerne, pour appréhender l’intangible, le potentiel entrepreneurial d’un dirigeant, je me suis focalisé sur le « cœur du réacteur ». En effet, les résultats des grandes études réalisées sur les qualités qu’ont en commun les meilleurs développeurs de start up se retrouvent dans…